Le local des pionniers n'est pas spécialement
luxueux. Mais situé contre la grande salle du centre paroissial,
près de l'entrée rue Voltaire, il est d'un accès
commode pour nos visiteurs du lundi après-midi. C'est là,
que nous les recevons de 14 h à 16 h, en nous faisant une petite
place au milieu des tentes qui sèchent et des gamelles noircies
par le feu de bois.
Ces permanences, une trentaine dans
l'année, couplées avec celles du vestiaire et du café
d'accueil au bar, sont la face la plus visible de notre activité
de solidarité. Avec 187 visiteurs l'an dernier, elles ont généré
60% de nos interventions.
L'autre face de notre activité, moins
spectaculaire, est constituée par le traitement des demandes
qui nous sont transmises par les travailleurs sociaux du secteur (84
demandes en 2001) et les visites à domicile. Ces visites, à
l'origine notre véritable raison d'être, sont parfois
le seul moyen de cerner un problème dans sa globalité
et de découvrir certains aspects importants, qui ont pu échapper
en partie aux travailleurs sociaux.
Au total, 269 interventions concernant 162
personnes ou familles, certaines ayant été aidées
plusieurs fois dans l'année, et une dépense globale
de 52 300 F. Nous avons consacré en outre une petite partie
de nos dépenses à l'aide internationale (6100 F), par
suite de liens très anciens tissés avec le Père
Guézou, missionnaire en Inde du Sud ou de demandes ponctuelles,
émanant de paroissiens engagés dans le Tiers-Monde (Burundi,
Vietnam). Enfin nous avons aussi reversé 10% de nos recettes,
soit 6300 F, à la Société de Saint Vincent de
Paul pour aider les paroisses les plus défavorisées.
Voilà à quoi a été utilisé le produit
de nos quêtes à la sortie de l'église et les dons
que nous avons reçus par ailleurs. Notre paroisse nous a soutenus
encore efficacement.
Ceci étant, que peut-on dire de particulier
sur les personnes que nous avons aidées l'an dernier par rapport
à l'année précédente ? Trois points nous
paraissent dignes d'être signalés :
- le nombre de personnes aidées
(des hommes pour les trois-quarts) a augmenté de 38%, la tranche
d'âge " 30 - 50 ans " représentant 58 % de
ces personnes ;
- une personne sur deux est de nationalité
étrangère, originaire à 65% du continent africain
dont les ressortissants ont augmenté de 56% en un an ;
- le nombre de chômeurs s'est
accru notablement (+55%), après avoir connu une baisse régulière
depuis quatre ans.
Bien entendu, tout ceci n'a pas la prétention
de constituer une statistique ; mais nous décelons quand même
un peu, au travers de nos observations " au ras des pâquerettes
", quelques grandes tendances que l'on constate au niveau de
la Nation.
Pour compléter ce panorama 2001,
nous ferons encore trois remarques que nous inspire notre expérience
récente :
- confrontés périodiquement
à des problèmes de surendettement, nous avons pu dénouer
l'an dernier une situation particulièrement tragique, grâce
à la connaissance approfondie du secteur bancaire de l'un d'entre
nous. Il est tout à fait regrettable de constater, malgré
tout ce qui a pu être dit sur le sujet, que des personnes fragiles
peuvent toujours continuer à s'endetter auprès d'établissements
spécialisés, bien au delà du raisonnable, sans
qu'aucun organisme de contrôle ne tire à temps la sonnette
d'alarme. On n'a malheureusement pas encore progressé d'un
pas dans ce domaine.
- au risque d'enfoncer une porte ouverte, on ne peut manquer d'être
inquiet devant le nombre croissant de personnes de nationalité
étrangère, qui n'ont pas d'existence officielle dans
notre pays pour des raisons diverses et qui vivent essentiellement
de l'aide accordée par des organismes comme le nôtre.
On demande ainsi au tissu associatif de résoudre les problèmes
que les services officiels préfèrent ignorer, une fois
qu'ils ont par exemple signifié à quelqu'un qu'il devait
quitter le territoire français. Personne n'est dupe, mais on
préfère n'en rien savoir. Ce problème là
reste aussi entier.
- enfin il nous arrive d'avoir des états d'âme, face
à des demandeurs venant de pays où les chrétiens
sont notoirement maltraités. Cela a été le cas
lorsque nous avons été sollicités pour aider
un citoyen pakistanais, au moment même où un évêque
se donnait la mort au Pakistan, pour protester contre les persécutions
dont les catholiques sont victimes dans ce pays. Nous nous en sommes
ouverts à Philippe Guibard, qui nous a répondu très
nettement sur ce point : " La charité n'a pas de limites
". Dont acte. Mais nous avons accompagné notre aide de
l'article du Pèlerin qui relatait la nouvelle et nous avons
aussi mis une croix au mur de notre salle de permanence. Pour que
la couleur soit clairement affichée, vis à vis de ceux
pour qui nous ne sommes qu'un service public de plus !
Daniel Désormière