Le jour où le père Luc
Pareydt est venu interpeller notre paroisse, je m'étais levée
avec un léger mal de tête, et j'ai eu beaucoup de mal
à capter son message. J'étais charmée par le
ton chaleureux de sa voix, ses paroles convaincantes et l'atmosphère
attentive de l'auditoire. Mais il a fallu que je relise Germinal pour
comprendre l'alternative : " vivre ou survivre ".
Il me semble que cette formule, appliquée
à l'Eglise de France, est un peu réductrice. Car enfin,
elle vit, notre Eglise !
Certes, le nombre de pratiquants réguliers
est devenu bien faible, mais la foi et le dévouement de ceux
qui restent sont véritablement admirables. Beaucoup de pratiques
respectables d'autrefois ont été " épurées
", mais l'attachement des chrétiens à la messe
dominicale, par exemple, reste fondamental. On ne se confesse pratiquement
plus ? Certes, mais les révisions de vie personnelles et collectives
sont très fréquentes. Tous les groupes de jeunes et
d'adultes réfléchissent profondément à
nos comportements face à l'évolution du monde, aux valeurs
perdues et retrouvées, au message des Ecritures, et les Célébrations
pénitentielles nous permettent de déposer aux pieds
du Seigneur nos fardeaux et nos péchés. La Bonne Nouvelle,
nous la cherchons dans nos vies, dans les témoignages de nos
frères chrétiens, dans les œuvres de paix, de charité,
de partage. Et les jeunes, accusés de mollesse, sont parfois
des exemples de fraternité et de don de soi… même s'ils
préfèrent le rapp aux célébrations liturgiques
!
Non, ne désespérons pas
des jeunes. S'ils quittent un temps l'Eglise, ils y reviennent souvent
plus tard, bien que la vie de couple et de parents rende difficiles
les engagements réguliers dans la vie paroissiale. On court
toujours après le temps.
Inventer pour faire survivre l'Eglise
? Mais qu'avons-nous fait depuis Vatican II ? Partout les laïcs
se sont levés pour prendre la relève : Conseils Pastoraux,
équipes de préparation aux baptêmes, aux mariages,
plus récemment même aux funérailles, soutien aux
mouvements de jeunes, catéchèse… Maintenant que cela
existe, on éprouve un véritable vertige à penser
que tout cela devrait retomber sur un clergé bien peu nombreux
!
C'est là, peut-être, que
les chrétiens ont le plus à s'interroger ; Car il ne
s'agit pas de savoir s'il faut mettre 1 ou 2 uros à
la quête, mais bien de participer réellement à
la vie financière et matérielle de l'Eglise. A qui la
faute s'il n'y a plus que très peu de vocations ? En grande
partie, je pense, aux conditions de vie trop précaires imposées
à nos prêtres. Et c'est peut-être dans la liturgie
et le sacerdoce qu'il y a le plus à faire. Mais là,
Messieurs les évêques, les théologiens, les moines,
c'est à vous de jouer, de bouger, de proposer, et de faire
comprendre à Rome que la civilisation évolue. L'Eglise
aussi doit le faire ; quelle place accepterez-vous de faire aux couples,
aux femmes ? Jésus a institué des Apôtres pour
guider le Peuple ; nous comptons encore sur eux pour que le sel ne
s'affadisse pas !
Effectivement, il vaut mieux ne pas
garder les yeux fixés sur le rétroviseur : les bras
m'en tombent (mais cette opinion n'engage que moi) quand je lis dans
La Croix que le Cardinal Radzinger souhaite que l'on re-tourne les
autels vers l'Orient, plutôt que vers l'assistance… Fi du désir
des fidèles ? Si l'Eglise n'est pas une démocratie,
elle ne doit pas pour autant éviter le dialogue et même
la confrontation avec la base. Il ne sert à rien de rassembler
des Synodes si les conclusions sont lettre morte !
Heureusement, la vertu d'Espérance
existe bien, et nous croyons que l'Esprit marche avec nous ; l'Eglise
n'en est pas à sa première crise, et elle s'est toujours
relevée. Jésus nous a promis d'être avec nous
jusqu'à la fin des temps.
Monique BENOIT