Monsieur Blanc Lapierre nous a quittés
et depuis son départ nous nous sentons un peu orphelins dans
la Communauté de Chatenay. Quand nous avions la chance de pouvoir
le saluer, à la sortie de la messe, il nous semblait que cet
homme-là si simple, si proche de nous ne devait jamais nous
quitter. Certes, il était âgé, mais ni sa démarche,
ni sa façon de parler, n'accusaient les années. Pourtant,
il devait bien parfois désirer aller rejoindre sa Jacqueline
tant aimée, avec laquelle il ne cessait de vivre depuis sa
mort si brusque en 1980.
Il me semble que Germinal lui doit
un petit mot d'adieu et de sympathie. Quand j'entends (ou lis) des
propos souhaitant la canonisation de saints laïcs, je pense toujours
à lui. Je l'ai rencontré pour la première fois,
il y a longtemps quand je faisais le catéchisme avec le Père
Touzé, donc vers les années 70. Anne et Sabine que je
ne connaissais pas encore devaient être des fillettes à
cette époque.
Le Père Touzé avait organisé
une rencontre entre les enfants de 5ème et Monsieur Blanc Lapierre
sur le sujet "est-il possible d'être chrétien et
savant à la fois" et il avait enregistré la rencontre.
J'ai été frappée par la simplicité de
Monsieur Blanc Lapierre qui répondait de bonne grâce
en termes accessibles et faciles à comprendre pour des jeunes
de cet âge aux questions qui lui étaient posées.
Je ne savais pas alors quelle était la dimension scientifique
de l'interviewé.
Je devais l'apprendre beaucoup plus
tard par le Père Prat alors qu'il venait de recevoir un appel
téléphonique de la nonciature lui demandant ce qu'il
pensait de Mr Blanc Lapierre pour une éventuelle nomination
à l'Académie des Sciences Pontificales.
Et encore, apparemment, Michel ne m'a
pas tout dit, ou alors il ignorait un certain nombre de titres de
l'intéressé. Il m'a simplement fait remarquer que les
livres de Mr Blanc Lapierre étaient traduits dans la plupart
des langues et normatifs dans tous les milieux scientifiques. Cela
m'avait impressionnée. Je l'ai été de nouveau
quand j'ai lu dans les notices nécrologiques de plusieurs journaux,
la liste de ses titres et de ses décorations.
D'autres que moi salueront ce grand
savant en termes plus appropriés que je ne saurais le faire.
Moi, celui à qui je voudrais rendre honneur, celui que je garderai
fidèlement dans ma mémoire, c'est le chrétien,
le croyant fidèle à son Dieu et soucieux de venir en
aide à ceux qui connaissent la difficulté. Désintéressé,
il a suivi son maître Jésus dans son amour des pauvres
et des petits, dans son dédain pour l'argent et le profit.
Merci, Mr Blanc Lapierre, pour le
témoin que vous avez été !
Lors de vos funérailles, Philippe,
dans son homélie s'est adressé à vos nombreux
petits-enfants en leur souhaitant de recueillir votre message et de
suivre vos traces. J'espère qu'ils l'ont compris et qu'ils
seront dignes de leur grand'père. Nous aussi, nous avons à
recueillir ce témoignage d'un homme qui sut allier une intelligence
claire et toujours en éveil à une humilité et
un amour de Dieu et des autres alimentés par la prière
et la méditation quotidiennes.
Aurevoir Mr Blanc Lapierre ! Maintenant
que vous avez rejoint la Maison du Père ne nous oubliez pas
dans vos prières et protégez ceux que vous aimez et
qui restent sur le champ de bataille.
Soeur Marie-Joseph