" Bonjour et bienvenue à
bord de ce Concorde, affrêté spécialement pour
ce vol du 7 avril 2002. Je m'appelle Philippe Guibard et je suis votre
commandant de bord. Notre équipage aujourd'hui sera mixte,
ou plutôt inter-confessionnel, car ce vol est opéré
conjointement par la compagnie catholique Air Saint Germain et la
compagnie protestante Air Robinson, dans le cadre de l'accord qui
lie ces deux compagnies. Avant de céder la parole à
Isabelle Pierron, notre chef de cabine, qui va vous rappeler les consignes
habituelles et vous décrire notre itinéraire, je précise
encore que notre appareil est doté à présent
d'une boucle magnétique pour les malentendants. "
" Bonjour, je suis effectivement votre
chef de cabine et vous préviens tout de suite que nous allons
monter très haut aujourd'hui, à une altitude à
laquelle vous n'avez pas l'habitude de grimper en temps ordinaire.
Notre avion est un Concorde, à la fois pour le symbole que
représente son nom et pour ses performances ascensionnelles
; car aucun autre avion ne permet de monter à 60 000 pieds,
ni d'effectuer le trajet prévu en une heure de temps. Nous
allons donc voler haut et vite et cela risque de secouer ; j'aime
mieux vous le dire à l'avance. Aussi je vous recommande de
bien serrer votre ceinture et de la garder attachée pendant
tout le vol, si vous n'avez pas à vous déplacer. Je
vous souhaite un très bon vol. "
Embarquement terminé pratiquement
à l'heure. A 11h10, les moteurs du peuple de baptisés
sont mis en marche vers la lumière, l'avion roule à
partir du point K 106 vers la piste qui rachète et rassemble
tous les hommes et décolle en beauté dans une triple
louange au Père, au Fils et à l'Esprit.
Séquence de repentance et pardon
pendant la montée initiale, allumage de la post combustion
pour le Gloria, prière d'illumination en fin de montée
et stabilisation au niveau de croisière, qu'on atteint au début
de la première lettre de Saint Pierre Apôtre. On dépasse
cette première étape en direction du psaume 118, virage
sur la balise de l'alléluia, passage au dessus de l'Evangile
de Saint Jean et retour sur la lettre de Saint Pierre, qu'on va survoler
longuement en décrivant de grands cercles. Chaque détail
du paysage est alors commenté minutieusement par la chef de
cabine. Commentaire qu'on écoute religieusement du début
à la fin, même si parfois l'attention tend à se
relâcher, en raison des nuages épars, qui masquent le
sol par moments. On distingue quand même très bien au
passage la différence entre l'émotion et le sentiment.
Cap retour sur Saint Germain en obliquant
légèrement, par rapport à l'itinéraire
habituel, sur le segment de la profession de foi, fin de palier supersonique
à l'élévation et descente lente après
la communion, pour un atterrissage qui s'effectuera en douceur, avec
un retard de vingt minutes sur l'horaire habituel. On croise en débarquant
les passagers du vol suivant, dont certains vont prendre aujourd'hui
leur baptême de l'air.
Debriefing à la sortie de l'aérogare,
sur la place de l'église. Un vol intéressant, où
finalement tout le monde a assez bien supporté l'altitude.
Pas de vertiges ni d'effets désagréables à la
descente. Une expérience à renouveler.
A signaler quand même pour la technique,
deux points à corriger pour le prochain vol. Vérifier
si la dotation de bord contient bien une grande hostie pour le commandant
de bord, qui n'a pas eu pour ce vol son plateau habituel. Demander
aussi à Véronique de veiller à ce que le programme
pour la sono en vol soit un peu plus gai ; il y a aussi de belles
mélodies dans les chants récents.
D. Désormière