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   Hommage à Geneviève de Gaulle-Anthonioz  
     
   Germinal n° 126  
   

      Je ne sais pas de poème plus émouvant, (et celui-ci fut d'un résistant communiste) qui évoquât avec plus de force nos racines religieuses. Pure coïncidence sans doute, parce qu'inspirée par le désespoir et qui fait qu'un athée retrouvant le lyrisme et les ressassements d'un Péguy, ressuscite un texte sacré. A preuve donc ce leitmotiv profane " Je vous salue Marie… ", et puis cette expression qui dénie au Sauveur d'avoir pu assumer toute la souffrance humaine : " Ni le Christ, n'a connu ce terrible chemin… " etc… Tellement fut terrifiante et monstrueuse l'extermination à grande échelle de l'Homme par les bourreaux nazis. Tant d'innocents massacrés, martyrisés… C'est en égard à leur mémoire que m'ont paru justifiés les longs passages retenus empreints d'une beauté déchirante.

     Comme j'élabore depuis quelques temps une œuvre poétique sur l'âme de l'Humanité, le décès de Geneviève de Gaulle-Anthonioz et la question ouverte à son sujet par Germinal, ont eu sur moi l'effet d'un déclic. Le 9 mars écoulé, jour d'une messe de commémoration à Notre-Dame de Paris, j'ai imaginé cet IN MEMORIAM, n'y concourant que par quelques vers d'entrée et surtout de conclusion. Peut-être intéresserait-il votre bulletin, bien qu'il ne fasse pas écho à la réponse sollicitée. Je ne saurais invoquer d'autre raison que celle de l'opportunité qui m'est offerte par la disparition d'une grande figure catholique.

      Bien cordialement à vous.

Henri CALVET



IN MEMORIAM

Nuit concentrationnaire. Enfer de vives torches
Dénommées Monthausin, Auschwitz ou Birkenau
Le poète Aragon subversif agnostique
Pour les stigmatiser eut des mots de cantique
Chapelet de sanglots : " Je vous salue Marie… "

"  Auschwitz, Auschwitz, ô syllabes sanglantes
"  Ici l'on vit, ici l'on meurt à petit feu
"  On appelle cela l'exécution lente
"  Une part de nos cœurs y périt peu à peu

"  Limites de la faim, limites de la force
"  Ni le Christ n'a connu ce terrible chemin
"  Ni cet interminable et déchirant divorce
"  De l'âme humaine avec l'univers inhumain

"  Ce sont ici des Olympiques de souffrance
"  Où l'épouvante bat la mort à tous les coups
"  Et nous avons ici notre équipe de France
"  Et nous avons ici cents femmes de chez nous…

"  Puisque je ne pourrais ici tous les redire
"  Ces cent noms doux aux fils aux frères aux maris
"  C'est vous que je salue, en cette heure la pire
"  Marie-Claude (*) en disant : " Je vous salue Marie "

"  Et celle qui partit dans la nuit la première
"  Comme à la liberté monte le premier cri
"  Marie-Louise Fleury rendue à la lumière
"  Au-delà du tombeau : " Je vous salue Marie "…

"  Haleine des jardins lorsque la nuit va naître
"  Feuillage de l'été profondeur des prairies
"  L'hirondelle tantôt qui vint sur la fenêtre
"  Disait me semble-t-il : " Je vous salue Marie ".

"  Je vous salue ma France arrachée aux fantômes
"  O rendue à la paix Vaisseau sauvé des eaux
"  Pays qui chante Orléans, Beaugency, Vendôme
" Cloches, cloches sonnez l'angélus des oiseaux… "


(*) Marie-Claude Vaillant-Couturier,
amie de Geneviève De Gaulle-Anthonioz

(Extrait de " Le Musée Grévin ", 1943)
par Louis Aragon


Revenue de l'horreur d'où que vînt l'oppression
Souffrant avec l'exclu, le paria de la zone
Dans l'urgence vivait Geneviève De Gaulle…
Cette autre déportée méritait tant d'éloges
Ah ! par quel don de soi en réponse au malheur
par quelle sainteté et quelle compassion
Entés sur une foi qui jamais ne désarme !
Au flamboyant souvenir de cette grande dame
Récemment disparue et dont toute la vie
Fut un profond combat au service de l'Homme
A celle qui vécut l'enfer de Ravensbrück
Comme à celle en nos cœurs Pasionaria des pauvres
A l'âme de Geneviève de Gaulle-Anthonioz :
Quel thrène eut mieux rendu un hommage si pur
Quel péan qui appelât nos plus intenses larmes ?
Du partage de soi quelle auguste figure !
Peuple dont elle fut exalte sa mémoire.

Henry CALVET
Châtenay-Malabry, le 9 Mars 2002,
Jour de la Messe de commémoration à Notre-Dame de Paris

 
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