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   MARIAGE ET DIVORCE : LE DROIT A L'ERREUR ?  
     
   Germinal n° 128, novembre 2002  
   

 

     Il n'est pas facile de parler du divorce lorsque l'on n'est pas partie prenante, car une séparation entre époux est avant tout, nous semble-t-il, une affaire qui prend ses racines dans le plus intime de chacun et personne ne peut réellement prétendre pouvoir se mettre à la place des intéressés.

     Mais comme malheureu-sement aujourd'hui en France, un mariage civil sur trois, voire sur deux à Paris, se termine par un divorce, nous avons tous, à un moment ou à un autre, été témoins de situations, qui nous ont interpellés et qui nous ont amenés à réfléchir sur la question.

     Et c'est ainsi que, concernant l'attitude de l'Eglise vis à vis des divorcés, remariés ou non, nous sommes parvenus à une position relativement simple, voire simpliste. On claironne partout aujourd'hui, à juste raison nous semble-t-il, que le risque zéro n'existe pas dans la vie, et qu'il faut admettre un certain taux d'erreur, dans beaucoup de domaines. Si l'on accepte que ce principe s'applique aussi au domaine du mariage, on est conduit à admettre, que l'échec d'un mariage est une éventualité, qu'on ne peut totalement rejeter.

     L'Eglise ne devrait pas bannir d'une certaine manière, ceux qui ont échoué une fois, et elle devrait accepter de leur donner une nouvelle chance. D'autant plus, que souvent, la deuxième expérience réussit mieux que la première et conduit à des unions pérennes, parfaitement réussies.

     Pour autant que l'on sache, ce droit à l'erreur est déjà accordé implicitement aux prêtres " réduits à l'état laïc " (oh l'horrible formule !), qui peuvent ensuite recevoir le sacrement du mariage. Pourquoi ne pas accepter de la même façon, moyennant certaines conditions, le remariage d'un(e) divorcé(e) " réduit(e) à l'état de célibataire " ?

     Nous avons lu que des évêques, en France et ailleurs, réfléchissent sérieusement au problème et nous souhaitons que leur réflexion se traduise rapidement par des actes courageux ; on ne pourra pas indéfiniment s'en tenir à des circonlocutions, où l'on doit comprendre que les divorcés ne sont pas exclus de l'Eglise, tout en l'étant sans l'être.

     Indépendamment de ceci, il n'en reste pas moins que le mariage civil est remis en cause aujourd'hui en France, en tant qu'acte solennel pour créer une famille, cellule de base de notre société. Il est décrié, détourné de ses fins, voire ridiculisé.

     Quelle que soit la position sociale, l'exemple vient aussi d'en haut, il n'est plus nécessaire aujourd'hui de s'engager formellement devant témoins, pour pouvoir vivre ouvertement à deux dans notre société. Toutes les formes de vie en couple y sont à présent tolérées au nom de la " modernité ", le PACS étant le dernier des ersatz à la mode. On tend même à faire croire que toutes ces variantes sont équivalentes pour le bonheur des intéressés et des enfants qu'ils peuvent avoir (ou plutôt " faire " pour être conforme au vocabulaire à la mode).

     Par les émissions du genre " Ça se discute " et autres sitcoms, la télévision fait beaucoup pour cela, en présentant les cas les plus tordus, comme autant d'alternatives qu'on peut inscrire dans une nouvelle " normalité ". Au point de faire applaudir par exemple, des familles recomposées trente six fois, en prétendant que les enfants sont plus heureux quand ils ont plusieurs " pères " et " mères ", et une ribambelle de demi frères et soeurs. De quoi donner des complexes à ceux qui n'ont connu qu'un seul cas de figure !

     Tout une presse " people " (prononcez " pipeul ") prospère sur les ragots autour des mariages, divorces et autres concubinages, des personnages les plus en vue du showbiz ou des cours européennes, qui multiplient les " coups de foudre " et trouvent le " grand amour " tous les trois mois avec une nouvelle compagne. Qui ne connaît pas en France, cet homme célèbre du showbiz, qui, par jeu, a longtemps collectionné les mariages comme les chemises, et se remariait encore récemment chaque année avec une nouvelle jeunette, dont il pourrait être le grand père, simplement pour amuser la galerie.

     Enfin, pour que le tableau soit complet, citons encore l'interview récent d'une jeune députée du Bundestag, qui acceptait à la rigueur l'idée de se marier un jour, mais excluait totalement de passer plus de vingt ans avec le même homme !

     Dans un monde qui a perdu nombre de ses repères, soyons heureux de pouvoir nous raccrocher à l'Eglise. Par sa conception du sacrement du mariage, elle reste un phare, pour tous ceux et celles, qui rêvent de bâtir leur vie à deux, en s'aimant fidèlement et en croyant à la force de l'engagement mutuel prononcé devant Dieu.

     Ce rêve, nous avons commencé à le faire nous mêmes, ensemble à l'âge de dix-huit ans, lorsque voisins dans la même classe de terminale, nous avons découvert, au moment du bac, que nous étions faits l'un pour l'autre. Notre projet de vie commune s'est élaboré progressivement ensuite pendant plus de quatre ans ; particulièrement pendant les vingt-six mois où nous avons été séparés, à cause d'un service militaire en Afrique du Nord, exception faite d'une permission de quinze jours en France.

     Notre engagement a été voulu dès le départ comme un don total de l'un à l'autre. Ce n'était pas le chemin le plus facile, même à l'époque, mais c'est ainsi que nous l'avions décidé.

     L'Eglise, par les exigences du mariage chrétien, nous a permis de réaliser pleinement dans ce long cheminement, ce que devait être notre engagement lors de la célébration tant attendue de notre mariage ; un jour qui reste encore aujourd'hui, le plus sacré de notre vie commune.


Andrée et Daniel Désormière


 
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