Il n'est pas facile de parler du divorce
lorsque l'on n'est pas partie prenante, car une séparation
entre époux est avant tout, nous semble-t-il, une affaire qui
prend ses racines dans le plus intime de chacun et personne ne peut
réellement prétendre pouvoir se mettre à la place
des intéressés.
Mais comme malheureu-sement aujourd'hui
en France, un mariage civil sur trois, voire sur deux à Paris,
se termine par un divorce, nous avons tous, à un moment ou
à un autre, été témoins de situations,
qui nous ont interpellés et qui nous ont amenés à
réfléchir sur la question.
Et c'est ainsi que, concernant l'attitude
de l'Eglise vis à vis des divorcés, remariés
ou non, nous sommes parvenus à une position relativement simple,
voire simpliste. On claironne partout aujourd'hui, à juste
raison nous semble-t-il, que le risque zéro n'existe pas dans
la vie, et qu'il faut admettre un certain taux d'erreur, dans beaucoup
de domaines. Si l'on accepte que ce principe s'applique aussi au domaine
du mariage, on est conduit à admettre, que l'échec d'un
mariage est une éventualité, qu'on ne peut totalement
rejeter.
L'Eglise ne devrait pas bannir d'une certaine
manière, ceux qui ont échoué une fois, et elle
devrait accepter de leur donner une nouvelle chance. D'autant plus,
que souvent, la deuxième expérience réussit mieux
que la première et conduit à des unions pérennes,
parfaitement réussies.
Pour autant que l'on sache, ce droit à
l'erreur est déjà accordé implicitement aux prêtres
" réduits à l'état laïc " (oh
l'horrible formule !), qui peuvent ensuite recevoir le sacrement du
mariage. Pourquoi ne pas accepter de la même façon, moyennant
certaines conditions, le remariage d'un(e) divorcé(e) "
réduit(e) à l'état de célibataire "
?
Nous avons lu que des évêques,
en France et ailleurs, réfléchissent sérieusement
au problème et nous souhaitons que leur réflexion se
traduise rapidement par des actes courageux ; on ne pourra pas indéfiniment
s'en tenir à des circonlocutions, où l'on doit comprendre
que les divorcés ne sont pas exclus de l'Eglise, tout en l'étant
sans l'être.
Indépendamment de ceci, il n'en reste
pas moins que le mariage civil est remis en cause aujourd'hui en France,
en tant qu'acte solennel pour créer une famille, cellule de
base de notre société. Il est décrié,
détourné de ses fins, voire ridiculisé.
Quelle que soit la position sociale, l'exemple
vient aussi d'en haut, il n'est plus nécessaire aujourd'hui
de s'engager formellement devant témoins, pour pouvoir vivre
ouvertement à deux dans notre société. Toutes
les formes de vie en couple y sont à présent tolérées
au nom de la " modernité ", le PACS étant
le dernier des ersatz à la mode. On tend même à
faire croire que toutes ces variantes sont équivalentes pour
le bonheur des intéressés et des enfants qu'ils peuvent
avoir (ou plutôt " faire " pour être conforme
au vocabulaire à la mode).
Par les émissions du genre "
Ça se discute " et autres sitcoms, la télévision
fait beaucoup pour cela, en présentant les cas les plus tordus,
comme autant d'alternatives qu'on peut inscrire dans une nouvelle
" normalité ". Au point de faire applaudir par exemple,
des familles recomposées trente six fois, en prétendant
que les enfants sont plus heureux quand ils ont plusieurs " pères
" et " mères ", et une ribambelle de demi frères
et soeurs. De quoi donner des complexes à ceux qui n'ont connu
qu'un seul cas de figure !
Tout une presse " people " (prononcez
" pipeul ") prospère sur les ragots autour des mariages,
divorces et autres concubinages, des personnages les plus en vue du
showbiz ou des cours européennes, qui multiplient les "
coups de foudre " et trouvent le " grand amour " tous
les trois mois avec une nouvelle compagne. Qui ne connaît pas
en France, cet homme célèbre du showbiz, qui, par jeu,
a longtemps collectionné les mariages comme les chemises, et
se remariait encore récemment chaque année avec une
nouvelle jeunette, dont il pourrait être le grand père,
simplement pour amuser la galerie.
Enfin, pour que le tableau soit complet,
citons encore l'interview récent d'une jeune députée
du Bundestag, qui acceptait à la rigueur l'idée de se
marier un jour, mais excluait totalement de passer plus de vingt ans
avec le même homme !
Dans un monde qui a perdu nombre de ses
repères, soyons heureux de pouvoir nous raccrocher à
l'Eglise. Par sa conception du sacrement du mariage, elle reste un
phare, pour tous ceux et celles, qui rêvent de bâtir leur
vie à deux, en s'aimant fidèlement et en croyant à
la force de l'engagement mutuel prononcé devant Dieu.
Ce rêve, nous avons commencé
à le faire nous mêmes, ensemble à l'âge
de dix-huit ans, lorsque voisins dans la même classe de terminale,
nous avons découvert, au moment du bac, que nous étions
faits l'un pour l'autre. Notre projet de vie commune s'est élaboré
progressivement ensuite pendant plus de quatre ans ; particulièrement
pendant les vingt-six mois où nous avons été
séparés, à cause d'un service militaire en Afrique
du Nord, exception faite d'une permission de quinze jours en France.
Notre engagement a été
voulu dès le départ comme un don total de l'un à
l'autre. Ce n'était pas le chemin le plus facile, même
à l'époque, mais c'est ainsi que nous l'avions décidé.
L'Eglise, par les exigences du mariage
chrétien, nous a permis de réaliser pleinement dans
ce long cheminement, ce que devait être notre engagement lors
de la célébration tant attendue de notre mariage ; un
jour qui reste encore aujourd'hui, le plus sacré de notre vie
commune.
Andrée et Daniel Désormière