retour à la page d'accueil retour à la page d'accueil
retour à la page d'accueilarchives des homéliespetit germinal, informations pratiquesla vie de la communautédernières conférencesparticipez à germinal
retour page accueil Archives Forum Au sommaire du prochain numéro
 
Consulter et participer au forum Germinal

Forum Germinal

 
   HEUREUX LES INVITES AU REPAS DU SEIGNEUR…  
     
   Germinal n° 128, novembre 2002  
   

 

     J'ai reçu il y a quelque temps, ce petit texte en forme de prière, d'une amie qui vit cette situation difficile au sein de l'Eglise, celle des "divorcés-remariés". Il m'a touchée et faisait écho à ma propre réflexion, puisque nous sommes concernés nous aussi par cette situation dans notre famille proche; nous partageons le questionnement à l'Eglise et la souffrance d'un beau-frère, divorcé depuis plusieurs années, et remarié, qui vit sa vie de foi profondément, mais avec cette blessure au cœur, ce sentiment d'exclusion lorsqu'il reste seul, sur son banc, et que la communauté des fidèles se met en marche pour aller recevoir le corps du Christ.
Voici ce que dit cette amie :


     "Mais oui, Seigneur, je suis ton invitée, et d'ailleurs me voici. Je suis là, dans ta maison, l'église. Je suis invitée comme tous ceux que tu aimes et qui ont cette grâce de te connaître. Je suis heureuse et reconnaissante d'avoir retrouvé la certitude de ton amour pour moi comme pour tous ceux que tu as créés.

     Mais voilà…. Au moment où tu m'invites à m'approcher de ta table où se partage et se donne le pain de Vie, je ne bouge pas - je reste à ma place, sur mon banc. Je suis en effet une de ces personnes que l'on nomme les "divorcés-remariés" (bizarre, ce terme : il doit bien exister des divorcés qui ne se remarient pas et qui ne vivent pas seuls…)

     Mais j'ai compris et accepté cette idée que communier "comme tout le monde" pouvait être une source de scandale pour certains fidèles présents dans ton église et, pour cette raison, et seulement pour cette raison, je ne répond pas oui à ton invitation.

     Pourtant, Seigneur, je me permets de te faire part (en vrac) de toutes les pensées troublantes et souvent contradictoires qui se bousculent en moi à ce moment de la messe :
- Je sais que tu m'invites , moi aussi, malgré mon parcours hors normes.
- J'ai conscience que "je ne suis pas digne de te recevoir", mais je crois aussi "qu'une parole de toi guérit mon âme".
- Je pense que, pour toi aussi, Seigneur, il est peut-être scandaleux que je ne me rende pas au repas que tu as préparé pour moi, comme le confirme bien la parabole sur les invités qui se dérobent au festin préparé pour eux (Luc 14, 15)
- Je crois que le pain de Vie donné pour tous les hommes m'aiderait peut-être (il ne tient qu'à moi) à mieux conduire ma vie de chrétienne. Je me dis alors que l'intention de te recevoir suffit; malgré cela, je ressens un manque.
- Je crois que tu es présent dans tout amour, dans ma vie, dans ma vie de femme, et je t'en suis infiniment reconnaissante. Je ne me sens pas mise à la porte de ton Paradis.
Mais qu'il est difficile et douloureux, Seigneur, de ne pas dire oui à ton invitation et de me priver de ce que tu me donnes !"


Ces quelques lignes m'ont profondément émue par tout ce qu'elles expriment de souffrance du cœur et de l'âme,. Je ne peux pas rester insensible à cette demande d'amour adressée au Seigneur, mais aussi à cette confiance envers sa miséricorde et sa tendresse pour ses enfants, quelle que soit la route, caillouteuse et semée d'obstacles, qu'ils suivent.
Je me joins à cette prière, par solidarité avec ces frères et ces sœurs qui me sont proches, mais aussi pour tout ce que je peux faire mien dans ces paroles, pour d'autres raisons, qui sont autant de difficultés à répondre et à rester fidèle à l'amour sans limites de Dieu, mais qui malgré tout ne remettent pas en question ma confiance et ma foi en Lui.

Catherine de Lafarge

 
  Envoyer sa contribution à Germinal            Consulter ou participer au forum