Dernièrement dans un
diocèse normand, j'ai assisté à l'église,
à une cérémonie religieuse concernant un divorcé
qui se remariait. Comment cela s'est-il passé ?
Les mariés étaient dans
le chœur, face à l'autel ; une assistance assez nombreuse les
accompagnait. Le prêtre leur souhaita la bienvenue en précisant
qu'il ne s'agissait pas de recevoir le sacrement du mariage ; puis
ce fut le déroulement habituel de la cérémonie :
lectures de la Bible, chants, homélie, remise des alliances...
etc. Tout se termina sans les signatures, avec les vœux de bonheur.
Je dois signaler qu'il s'agissait de croyants sincères. Au
cours du repas, la fameuse question fut posée : "peut-on
communier ?" Il s'agit là de la possibilité d'une
réintégration complète des divorcés-remariés
dans l'Eglise.
La pratique pastorale actuelle est
tiraillée entre les exigences de la doctrine et celles de la
miséricorde. Une première union peut échouer.
L'Eglise du Christ a-t-elle le droit de refuser aux divorcés
une nouvelle alliance pour retrouver le bonheur perdu ou manqué,
et cela pour le reste de leur vie ? Il y a des prêtres qui conseillent
à certains divorcés-remariés à la foi
profonde de communier. Mgr Bourgeois écrivait "Qu'on s'oriente
vers une pastorale des divorcés qui tienne compte de la particularité
de chaque situation. On peut imaginer des tribunaux d'Eglise composés
de prêtres mais aussi de laïcs. Ils jugeraient pour chaque
cas, s'il doit y avoir miséricorde et réintégration
totale dans l'Eglise avec notamment la possibilité de communier...
On n'a pas forcément péché parce qu'on a divorcé..."
On sait que les Eglises d'Orient pratiquent
une forme de miséricorde qui, après un jugement d'Eglise,
redonne au nouveau couple sa place dans la communauté et l'admet
aux sacrements. Certes, aujourd'hui la communauté chrétienne
accueille, avec sympathie, les divorcés-remariés ; ensemble,
ils prient, ils écoutent la Parole de Dieu... Il ne faut pas
entendre ce reproche "quand je rencontre le Christ, l'Eglise
me ferme la porte." " L'Eglise n'a pas de pouvoir sur les
lois que son fondateur lui a données, mais elle a autorité
sur leur application aux situations personnelles, de même que
sur l'administration des Sacrements. " (Père Moingt.)
L'indissolubilité n'existe que
pour autoriser l'épanouissement d'un amour. S'il n'y a plus
d'amour, cette indissolubilité enferme non plus la vie de l'amour,
mais sa mort. La lettre de la loi va contre l'esprit de l'amour. Il
semble certain que Jésus n'a pas voulu promulguer de loi au
sens juridique du terme. Les exigences qu'il formule, si radicales
qu'elles soient, sont des exigences morales auxquelles on doit se
conformer.
René Landbrul
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