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   LE MARIAGE : REFLEXIONS ET PROPOSITIONS  
     
   Germinal n° 128, novembre 2002  
   

 

    Le Mariage, est d'abord une réalité humaine : " Les chrétiens se marient comme tout le monde " (lettre à Diognète V, 6) [1] Mais la forme religieuse du mariage a évolué au cours des siècles . Ce n'est qu'au XIIème siècle que le mariage licite se fait devant l'Eglise, et c'est le concile de Trente qui lui donne sa forme canonique.

     Pendant longtemps le mariage est resté stable dans sa forme sociale : c'était l'affaire de toute une famille. Il faisait l'objet d'un contrat, d'un partage matériel qui requerrait une certaine stabilité.

     Une première révolution a eu lieu avec la prédominance progressive du mariage d'inclination dicté par le sentiment affectif, mais soumis comme lui aux caprices de l'amour, qui, comme on le sait, "est enfant de bohème"... C'est devenu un choix personnel et révocable. Une affaire à deux.

     Mais la révolution qui a tout fait basculer est récente : c'est celle de la contraception.

     Bravant les interdits de l'Eglise, la contraception a permis de séparer dans le mariage ses deux composantes fondamentales :

d'une part l'alliance proprement dite entre l'homme et la femme, la relation amoureuse du couple, si possible dans la confiance et l'entraide "pour le meilleur et le pire"

d'autre part la décision éventuelle de fonder une famille. Cette décision peut aujourd'hui relever d'un choix délibéré : la liberté dont il procède accroît la responsabilité des parents : selon une formule connue "on ne divorce pas d'avec ses enfants".

     L'accroissement de liberté et de responsabilité est un progrès humain incontestable. L'Eglise a-t-elle su en prendre conscience ? Dans cette situation nouvelle, quelles formes pourraient revêtir la sacralisation du mariage ?

     Ce qui est toujours vrai et auquel nous croyons, c'est le projet divin sur l'humanité, tel qu'il nous est révélé par l'Ecriture et par l'Eglise : un projet d'alliance avec les hommes par Jésus Christ.

     Cette alliance est presque toujours symbolisée dans la bible par l'amour d'un homme et d'une femme. (Cantique des Cantiques, Osée 2,20-25). L'avenir de l'humanité réconciliée avec elle même et unie à Dieu est comparé à un repas de noces (Cana : Jean 2, 1-11 ; les invités à la noce : Mathieu 12,1-14). C'est là, la base de la théologie du Mariage développée par St.Paul (Eph. 5,25-32)... malheureusement teintée d'un peu de misogynie...

     Quelle est la base de l'indissolubilité du mariage imposée par l'Eglise catholique ?
C'est l'indissolubilité de l'alliance DIVINE. Cette Alliance, Dieu la conclut avec Abraham, la renouvelle avec Noé, Moïse. Elle trouve son aboutissement en Jésus Christ : cette "nouvelle alliance" nous l'évoquons à chaque messe.

     Quel en est le sacrement ? Est-ce le Mariage ? Non c'est l'Eucharistie.

     L'Eucharistie n'est pas, à mon sens, le sacrement de la "présence réelle". Cette présence, Jésus la garantit à "tous ceux qui sont réunis en son nom ".

     C'est l'eucharistie qui est par excellence le sacrement de l'Alliance. ( souvenons-nous des paroles sacramentelles : "Prenez et buvez, car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle Alliance, nouvelle et éternelle, qui sera répandu pour la multitude..., faites ceci en mémoire de moi ".

     Pourtant, je reconnais que, dans la mesure où un mariage est fondé sur la fidélité dans la liberté, c'est à dire sur l'amour, alors oui : il est lui aussi -et seulement dans cette mesure- signe, c'est à dire sacrement de l'Alliance divine. Par contre, si la stabilité d'un mariage ne résulte -comme ce fut souvent le cas- que d'une loi, d'une contrainte, alors je pense qu'en aucun cas il ne peut exprimer l'amour de Dieu donné dans la gratuité et accueilli dans la liberté.

     Je ne peux être d'accord avec Rey-Mermet (page 405) lorsqu'il écrit : "par le sacrement du mariage, vous devenez l'image vivante de l'Union du Christ et de l'Eglise :... plus que l'image vous en êtes la réalité même". En effet, la réalité de l'union proposée par Dieu ne peut être soumise à l'instabilité, à la faiblesse, au pêché humain. C'est sans doutes pourquoi Jésus a institué un autre sacrement que le mariage pour exprimer l'Alliance divine : l'Eucharistie.

     Si le mariage est sacrement, je pense que l'unité qu'il forme dans le respect de la différence des conjoints est plutôt le signe de l'Unité divine dans la différence des personnes : le sacrement de la Trinité. La Trinité, modèle de toute relation humaine, est dans l'intimité à laquelle tout être humain est invité. C'est le "Don de Dieu"

     Dans la situation actuelle, on peut imaginer diverses formes que pourrait revêtir le sacrement de mariage.

     D'abord, comme pour les autres sacrements, il devrait non pas être imposé mais proposé aux couples qui veulent donner un sens plus profond à leur union.

     Ensuite, il pourrait être accompli en plusieurs étapes - comme pour le sacrement de l'ordre - depuis une simple bénédiction jusqu'à la forme achevée du sacrement, associé à un engagement solennel. Un tel engagement n'aurait lieu que pour des couples mûrs, ayant déjà surmonté des difficultés : encore une fois c'est l'exemple de fidélité dans la liberté qui est signe de la fidélité divine. Comme dit St.Thomas : "Le mariage n'est pas le consentement lui-même, mais cette communication de vie et de projet inaugurée par le consentement " (cité par Rey-Mermet page 387)

     Quoi qu'il en soit, lorsque la vie de couple ou la vie de famille devient impossible, infernale, la séparation est la seule solution. Une séparation, dans le respect mutuel des partenaires, peut conduire chacun à une nouvelle plénitude et donne parfois naissance à des familles recomposées épanouies.

     Si l'Eglise reconnaît dans le divorce un mal, un échec, un pêché, pourquoi ne pas proposer aux conjoints le sacrement de réconciliation ? Ce sacrement pourrait être lié à un pardon mutuel. Ce serait dans l'esprit de l'évangile (Mathieu 18,35) où le pardon mutuel conditionne le pardon de Dieu.

     Dans le même évangile, Jésus dit : "Tout pêché, tout blasphème sera pardonné aux hommes ", hormis le pêché contre l'Esprit qui n'est pas en cause ici, (Mathieu 12,31).
Un tel pardon offrirait alors aux personnes divorcées remariées la possibilité de recourir aux autres sacrements, y compris à l'Eucharistie... et à celui d'un nouveau mariage religieux.


Serge Drabowitch


[Rey-Mermet "Croire" Tome II (Droguet-Ardent page 387)]

 
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