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   Un ordinateur ou ... des enfants ?  
     
   Germinal n°128, novembre 2002  
   

 

     Elle est jeune, intelligente, dynamique et belle. Avec elle, sa meute de petits louveteaux vivait des aventures exaltantes, sensationnelles. Ses cinq frères et sœurs, ses parents l'adoraient. A son travail où elle était très appréciée, elle fit la connaissance de Laurent. Ce fut comme dans les contes de fée. Laurent et B... s'aimèrent et décidèrent d'unir leurs vies.

     Dans la petite église du village que B avait tant animée, ce fut un très beau mariage. La famille, les nombreux amis, toute la meute et la troupe scoute en grand uniforme, tous étaient là et se réjouissaient.

     Hélas, si les premières années furent à peu près heureuses, trop vite, B se rendit compte qu'elle avait épousé non pas un homme mais un calculateur froid et égoïste dont l'unique passion était l'ordinateur et les promotions que cet outil merveilleux pouvait lui procurer, promotions qui lui permettraient, à coup sûr, de devenir riche un jour. Pour cela il ne fallait pas d'enfants. Les enfants, ça bouge, ça crie, ça fait du bruit, ça empêche de se concentrer sur l'ordinateur.

     Pauvre B qui avait tant rêvé de ces petits qui, nombreux, pensait-elle, animeraient son foyer. Avant son mariage, elle en avait bien parlé avec Laurent qui alors semblait consentant. Mais à ce moment-là, il n'avait pas d'ordinateur !

     Un jour B en a eu assez d'être tous les soirs toute seule et de n'avoir personne à qui parler. Elle essaya de s'expliquer avec Laurent. Mais ce dernier répondit froidement "Tu sais, si ça ne te plaît pas, la vie que nous menons ici, tu peux partir. Je me débrouillerai très bien sans toi !" Alors le cœur plein de larmes, B rassembla ses affaires et partit. Elle gagnait assez bien sa vie pour régler les problèmes matériels. Un petit appartement de banlieue coquettement arrangé suffisait à ses besoins ?.

     Le divorce prononcé, B songea à refaire sa vie avec Gérard. Hélas, le prêtre auquel elle s'adressa l'informa que l'Eglise catholique n'acceptait ni une nouvelle union à l'église, ni la fréquentation des sacrements par le nouveau couple. La mort dans l'âme, B abandonna peu à peu cette Eglise qu'elle avait tant aimée et où elle avait donné le meilleur d'elle-même.

     Aujourd'hui, amère, elle dit " L'Eglise n'est pas fidèle à l'Evangile, Jésus a accueilli avec bonté les prostituées, il a pardonné à la femme adultère, et c'est à Marie-Madeleine que, ressuscité, il s'est manifesté en premier. "

     Des histoires comme celle-là, j'en connais beaucoup. Si j'ai privilégié celle-ci c'est parce que l'héroïne n'est pas de Châtenay et donc ne peut être reconnue par personne. Par contre, elle appartient à ma famille et devant ce gâchis, je souhaite de toutes mes forces que la hiérarchie évolue vers plus de miséricorde et qu'elle soit plus humaine, plus proche des réalités que vivent les gens.

Soeur Marie-Joseph

 

 
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