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   De tous les saints, c'était la fête !....  
     
   Germinal n° 128, novembre 2002  
   

 

     Dans quelques jours, nous allons fêter la Toussaint. Les Saints ont joué un grand rôle dans ma vie. Toute petite, je lisais chaque soir à ma grand'mère, la vie du saint du lendemain. Je revois encore le livre austère, sans illustration, qui consacrait au moins une page à chaque biographie. Ce livre faisait mon bonheur et le soir, je m'endormais en rêvant à la sainteté et au martyre. Je devais très vite déchanter en prenant conscience de ma faiblesse. Mais cela ne m'empêchait pas de continuer à prier les saints, en particulier mes préférés.

      Aujourd'hui, ma dévotion envers les saints, si elle demeure, a bien changé. Ceux que la canonisation a authentifiés n'ont plus ma préférence. Quand je pense à Dom Balaguer, je me demande d'ailleurs ce que signifie la canonisation ! Je vois vivre autour de moi de nombreux saints qui ne seront jamais canonisés car leur famille n'est pas suffisamment riche pour régler les frais d'un procès à Rome ! Et pourtant, ceux-là sont d'authentiques témoins qui rayonnent autour d'eux la foi, l'espérance et un amour sans faille pour leurs frères proches et lointains..

     Ce soir, je ferme les yeux et je les vois surgir de ma mémoire, tous ceux qui sont passés dans ma vie, en laissant derrière eux une traînée de lumière. Ils s'avancent, longue procession de saints méconnus. Il y a des jeunes et des vieux, des sages et des savants, d'humbles travailleurs aux tâches obscures, des hommes et des femmes, des Européens et des Africains....

     L..., épouse fidèle et aimante, M... jeune fille toute donnée aux autres, G... religieuse, R... prêtre, N..., M..., Filles de la Charité, M... D..., S..., ingénieurs, J... agent d'entretien, A... son épouse à la gaieté communicative, A..., Marie-T..., Anne-M..., professeurs, M... épouse fidèle jusqu'à la mort à son ivrogne de mari, A... et Alvarho missionnaires à la parole ardente et au coeur généreux, P... jeune veuve courageuse, G... mère, grand'mère, toujours prête à rendre service... et tant d'autres que je ne peux nommer faute de place.

     Tous ceux-là vivant ici-bas ou déjà arrivés dans le Royaume, nous tiennent par la main et nous font signe. Certains, leurs proches, leur rendent hommage et manifestent leur amour par une visite au cimetière, un bouquet de fleurs, une messe. J'avoue ne pas avoir la dévotion des cimetières. Ce n'est pas là que je retrouve mes morts. C'est dans la prière, dans le coeur de Dieu où ils sont maintenant pour toujours.

     Voilà ce qu'ils me disent par l'intermédiaire de Jacqueline, la dernière en date qui soit allée fleurir là-haut :

Je suis dans le silence
Je suis dans le matin
Je suis dans l'espérance,
Je suis sur vos chemins !


     Chère Jacqueline, voici que relisant ces quelques lignes envoyées par ta famille, je me sens mystérieusement toute remplie de ta présence. Dès le mois d'août 2001, tu te savais gravement atteinte. Mais l'espérance remplissait ton cœur et le souci des autres animait tes journées. Chez toi d'abord où tu t'ingéniais à faire plaisir même quand tes pauvres mains n'obéissaient plus fidèlement à tes ordres. Dans les allées et venues à l'hôpital où tu multipliais les paroles d'espérance, les sourires et les gestes affectueux aux malades que tu rencontrais. A la paroisse où tu traînais ton corps épuisé à la messe dominicale jusqu'au jour où cela est devenu complètement Impossible.

     Lucide, tu suivais les progrès de ton mal, mais tu ne te plaignais jamais. Tu réconfortais, tu rayonnais la confiance. Le jour de Pâques, alors que tu savais tes jours comptés et l'échéance finale toute proche, alors que tu ne pouvais presque plus te servir de tes mains, tu as trouvé l'énergie de m'écrire l'un de tes derniers messages. Je le garde précieusement. C'était un message de joie et de confiance "Que la joie de Pâques nous remplisse tous de joie et d'espérance, que ce soit pour nous tous une occasion de louer le Seigneur et de compter sur lui." Il fallait que tu vives depuis longtemps dans l'intimité de Dieu pour écrire ainsi à ce moment-là.

     Grâce à des amis de la paroisse, j'étais présente dans la petite chapelle de J.Garnier à l'Eucharistie au cours de laquelle tu as reçu le sacrement des malades. Confiance, sérénité, joie se lisaient sur ton visage. J'ai pu t'embrasser et dans un souffle, tu m'as murmuré quelques mots

"Merci, ma Sœur,
je suis heureuse :
Dieu est bon, tellement bon !"

      Quelques semaines plus tard, tu t'envolais vers ta demeure éternelle !

      Les voilà donc, tous les saints que j'admire et en compagnie desquels je vis ! Ils n'ont rien fait d'extraordinaire. Ils n'ont eu ni visions, ni stigmates. Ils sont simplement passés dans leur cité, dans leur quartier, en semant l'amour autour d'eux. C'est cela que nous allons célébrer vendredi, cette sainteté quotidienne qui est l'œuvre de Dieu et qui le révèle mieux que n'importe quel discours. C'est à cette sainteté-là que nous sommes tous appelés avec l'aide de l'Esprit-Saint

Soeur Marie Joseph

 
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