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18ème dimanche C
 
   
     
 
Et après, qu'en reste-t-il ?
 
     
 
5 aout 2007
 
     
 




Et après, qu’en reste-t-il...?


. La saga orientale trouve ses fondements dans l’impermanence de la vie. Tout passe. On devient “sage” en réalisant le sens de la vie avec les expériences du temps qui passe. Chacun a des souvenirs forts de la vie. Ils sont des vécus “sous verre”, des flash de bonheur naturellement enregistrés comme des réalités virtuelles. Que reste-il des jours passés ? A un certain moment, on a besoin tout simplement de l’espace pour respirer. Entrer un peu dans le silence. Des pages blanches. En nous, entre nous.

Les vacances nous offrent des moments privilégiés d’être nous-même dans un dépaysement inhabituel. Ce n’est pas pour gâter le bonheur des vacanciers que la liturgie fait lire des propos à saper tout désir de tranquillité et de paix. « Vanité des vanités, dit Qohéleth, vanité des vanités, tout est vanité. Ce qui a été, c'est ce qui sera, ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera : rien de nouveau sous le soleil ! »

Moins violentes que les imprécations de Job à vomir sur sa vie, les plaintes de Qohèlet sont celles d’un roi sage, connaisseur de tous les plaisirs de la vie, les plus élevés comme les plus bas. Et il a vu s’étendre l’ombre de la mort. Tout est vain. La diversité cache l’éternel retour des choses. La richesse ne sert à rien, la vertu n’assure pas le bonheur. Il n’y a pas d’espoir après la mort.

Qohèlet est pris par l’étau de l'angoisse. Il le mène à la confrontation avec le néant, à l'impossibilité de trouver une raison ultime aux choix qu'il doit faire. Il a la «nausée» devant la contingence de sa vie. Aussi la vie humaine est-elle à ses yeux une «futile passion». En endossant ce mal de vivre à un homme aussi puissant que Salomon, Qohèlet laisse entendre que ce mal est le sort commun des mortels.

Pourtant à l'austère complainte du Qohélet hébreu, il y a le message de l’Evangile qui n’est pas un texte figé. C’est une parole normale qui se lit dans les événements et donne la note joyeuse d’une Présence qui ne passe pas. Nous passons du ton amer, désabusé : « Vanité, tout est vanité » au ton majeur et à l'accord parfait de la force de l’Esprit qui souffle là où il veut. Il n’y a pas à dire : Et puis après ? Après, c’est encore la riche présence de la vie.

Au « tout est vanité » du vieux maître de sagesse de Jérusalem, s'oppose le « tout est grâce » du message de l’Evangile. « Tous, nous avons participé à sa plénitude, nous avons reçu grâce sur grâce. » écrit St Jean dans son prologue pour nous faire apprécier le don que nous n’avons pas demané : la vie. Comment les parents pourraient-ils entendre leurs enfants qui demandent pourquoi ils les ont faits venir à la vie ?

La vie chrétienne est la progressive éclosion du germe pascal mis en nous par l’Esprit de Dieu. Nous n'allons pas vers la mort niveleuse et absurde, mais vers la vie réelle et éternelle, vers une manifestation éclatante de la plénitude du bonheur : « Quand le Christ, votre vie, paraîtra, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire».

Une personne qui se sent lésée par son frère dans la part d'héritage croit accomplir une démarche légitime en s'adressant à Jésus. En effet, tout rabbin, expert dans la Loi et donc docteur en droit, était censé pouvoir arbitrer de tels conflits. Mais il se trompe sur un point : Jésus n'est ni un rabbin ni un juge de paix. Il n'est pas venu pour être un juriste de plus.

Sa mission diffère du tout au tout de celle des rabbins : il est venu instaurer le règne de Dieu, règne du partage où la richesse est donnée pour le bien-être de tous. Tout doit être servi à tous. « Cherchez plutôt son Royaume, et cela vous sera donné par surcroît : « Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner son Royaume» (Lc 12,31-33). S'enrichir en vue de Dieu est ce projet de vie qui ouvre les impasses de notre existence vers la vie qui va au de-là de la vie. Il y a un devoir d’être soi-même heureux, pour les autres.


D.L.


D.L.