Dans votre numéro 124, vous
avez demandé des réactions sur la conférence
du Père Pareydt. En voici une :
Lors du débat qui a suivi la
conférence, j'ai demandé si, faute de prêtre,
la célébration dominicale ne pourrait être présidée
- consécration comprise - par un laïc. Il en était
bien ainsi dans l'Eglise primitive. Pourquoi serait-ce impensable
dans les années à venir pour lesquelles on prévoit
une diminution massive du nombre de prêtres ?
J'ai retenu de la réponse du conférencier
que les équipes de laïcs ayant pris la paroisse en charge
ne devraient pas avoir peur d'inventer. Après avoir mis sur
pied une organisation satisfaisante, il iraient en rendre compte à
l'évêque. (J'ai résumé. Pour plus de détails
voir le compte-rendu
de la conférence dans votre numéro
124).
J'ai raconté cela à un
prêtre que je connais bien et qui m'a tenu à peu près
ce langage : je suis tout à fait d'accord sur cette réponse.
Mais il faut pousser le raisonnement jusqu'au bout. Dans l'équipe
des laïcs qui ont pris la paroisse en charge, l'un d'eux apparaîtra
nécessairement comme le meilleur animateur. L'évêque,
bien informé, lui enverra un de ses collaborateurs pour mettre
les choses au point. L'entretien pourrait se dérouler comme
suit :
- Cher Monsieur, Monseigneur est tout à fait satisfait
du travail effectué dans votre paroisse par l'équipe
que vous animez. Il m'a chargé de vous transmettre ses
plus chaleureuses félicitations. Il a ajouté qu'à
ce point de développement, il devient nécessaire
de formaliser ce que vous avez mis au point. Nous allons donc
préparer une lettre de mission par laquelle vous recevrez
officiellement les pouvoirs nécessaires pour gérer
votre paroisse matériellement et spirituellement.
- Attendez, je ne comprends pas. Vous ne voulez tout de même
pas me nommer curé de cette paroisse !
- Mais bien sûr que si. C'est bien cela que nous sommes
en train de vous expliquer.
- Ce n'est pas possible. Je suis marié et père
de famille. C'est incompatible.
- C'est tout à fait compatible. Rien dans la théologie
n'interdit à un prêtre d'être marié.
Le célibat n'a été imposé aux prêtres
qu'assez tardivement, un peu avant le 10e siècle. Il s'agissait
de régler quelques problèmes très matériels
liés aux structures sociales de l'époque. Mais nous
ne sommes plus dans cette situation. Cet interdit peut être
levé. Il l'a d'ailleurs déjà été
dans quelques cas, encore très limités, notamment
dans certaines Eglises catholiques d'Orient et aussi dans le cas
des prêtres anglicans convertis au catholicisme. Bref votre
objection ne tient pas.
Alors c'est oui ?
Pierre FOCH