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   Soignons notre foi !  
     
   Germinal n° 125  
   

     La conférence de Luc Pareydt que j'avais tant appréciée est déjà loin dans le temps et, comble de malchance, je n'ai plus le texte, ni sur Germinal dont j'ai donné tous les numéros en ma possession, ni même sur la cassette que j'ai prêtée à je ne sais plus qui. Alors, je fouille dans ma mémoire. Des expressions, des mots surnagent : "tout va mal, il faut inventer - choisir la vie - risquer des coups - inventer l'avenir en s'appuyant sur le passé - soigner notre foi - ne pas vivre les yeux fixés sur le rétroviseur, mais ne pas abuser de l'accélérateur".

     J'ai aimé ces comparaisons avec la conduite automobile que je trouve parlantes. Par contre, je ne suis pas tout à fait d'accord quand le conférencier nous dit que tout va mal dans notre Eglise. Il me semble qu'à toutes les époques l'Eglise a connu des difficultés, ce n'était peut-être pas les mêmes, mais pour autant elles n'en étaient pas moins dangereuses. Je ne m'arrêterai donc pas sur ces expressions mais par contre j'aimerais réagir à l'insistance du conférencier sur : "ce qui est important aujourd'hui c'est de soigner notre foi".

     De quoi parle-t-on quand on évoque la foi. Je ne suis pas sûre que tous les fidèles qui fréquentent la messe dominicale mettent la même chose sous ce mot. Les médias nous y incitent d'ailleurs. Pour eux, les chrétiens se recensent à partir de la pratique cultuelle : un certain pourcentage va à la messe plus ou moins souvent, fait baptiser ses enfants, a recours aux obsèques religieuses, pratique certaines dévotions : pèlerinages, culte des morts, cierges devant la statue des saints etc.. Ceux-là sont chrétiens. Traduisez ils ont la foi. Et cependant, peut-être en est-il parmi eux qui répondraient comme ce jeune chrétien d'un pays étranger à qui l'on demandait "connais-tu Jésus-Christ ?" - "ah, excusez-moi, il n'est pas de ce village".

     Pour d'autres, la foi est une option intellectuelle, une affaire privée qui ne regarde que celui qui s'en réclame. Avec angoisse, je me demande parfois si ma vie ne porte pas à penser que je suis de ceux-là. Souvent, je me pose à moi-même la question : as-tu vraiment la foi ? Qui peut répondre vraiment à cette question, sinon Dieu seul ? La foi, en effet, n'est pas un objet qu'on peut perdre et retrouver comme on perd un stylo ou un autre objet. C'est le coeur de notre coeur, c'est une vie qui se manifeste par des actes, par une certaine façon d'être et une vie pour laquelle on n'a pas d'instrument de mesure précis.
Notre foi a donc besoin d'être soignée. D'autant plus que la société dans laquelle nous vivons n'est pas porteuse. Mais s'il est fondamental de soigner notre foi, nous ne savons pas toujours comment le faire.

     Il y a la messe et les sacrements, bien sûr. Mais encore faut-il que nous les vivions réellement sans nous endormir pendant la lecture des textes et sans laisser vagabonder notre esprit sur toutes sortes de futilités. Or ce n'est pas toujours facile. Que de fois, le matin surtout, je lutte désespérément contre le sommeil sans arriver à me réveiller vraiment tandis que se déroule le rite eucharistique. Le dimanche, il y a les chants et l'homélie qui devraient me réveiller. Hélas, cela ne se produit pas toujours. Et pour les jeunes, il semble que les rites de la messe soient beaucoup trop répétitifs et que n'y comprenant pas grand chose, ils n'y vont pas ou peu.

     Il y a aussi la réflexion, l'étude qui peuvent être des moyens d'alimenter notre foi. Personnellement j'ai beaucoup apprécié les efforts déployés pas nos prêtres pour faire venir des intervenants de qualité comme les Pères Moingt, Glé, Béguerie et d'autres qui nous ont à chaque fois provoqués et amenés à creuser notre foi en Jésus Christ. Il me semble qu'il faut privilégier ce type de conférences plutôt que celles qui ont un aspect culturel enrichissant certes, mais sans incidence sur notre foi proprement dite.

     En outre, je suis convaincue que la foi ne se vit pas seul, mais que nous nous nourrissons les uns les autres lors de nos échanges et dans les engagements que nous prenons au service des autres. Mes frères ne se rendent peut-être pas toujours compte de ce qu'ils m'apportent lors de nos rencontres sur la Bible. Récemment l'un d'eux a fait une remarque qui m'a fait beaucoup réfléchir et m'a soutenue dans les moments de tentation. (car j'en ai, plus souvent que vous ne pensez). Après une étude sur St Paul prêchant un Christ crucifié (1 Cor. 1,23), l'un des participants a murmuré, "c'est vrai qu'une affaire comme cela, ça n'aurait pas dû marcher". Et cependant une douzaine de pauvres bougres qui avaient accompagné ce prophète à la fin lamentable ont été à l'origine d'une Eglise qui tient debout depuis 2000 ans.

     Enfin pour alimenter ma foi, j'ai la Bible. Et cela, c'est une source pure, intarissable. Luc Pareydt l'a dit lui-même en évoquant la réponse de Pierre à Jésus, à Césarée de Philippe (Mtt 16, 16). Pour moi les passages d'Evangile qui me font vivre et que je rumine souvent c'est d'une part : Jean 1, 39. Suivi par Jean et André au tout début de sa vie publique, à leur demande "Maître, où demeures-tu ?" Jésus répond "venez et vous verrez" Or la suite du texte ne nous dit pas ce qu'ils ont vu, ni ce qui leur a été dit, mais elle précise qu'ils ont suivi Jésus et qu'ils demeurèrent avec lui ce jour-là. Et le lendemain voilà nos deux jeunes gens devenus missionnaires et allant recruter des copains pour suivre Jésus.

     Demeurer avec Jésus c'est donc très important. Demeurer, c'est-à-dire, vivre avec lui, pour lui, ne pas cesser d'échanger avec lui tout au long de notre vie au fur et à mesure que les questions se posent. Autrement dit, demeurer dans la prière et dans une prière de contemplation.

     L'autre texte qui me parle, c'est dans St Matthieu (Mt 14, 22-33) la marche de Jésus, puis de Pierre sur les eaux. Tant que Pierre regarde Jésus, il avance sur l'élément liquide, quand il se regarde, lui, il prend peur (et on le comprend) et il enfonce. D'une autre manière, ce texte me dit la même chose que St Jean, ne pas cesser de regarder Jésus.

     Quelquefois, je pense qu'il y a un côté paradoxal dans la foi : d'une part elle est don de Dieu, mais alors pourquoi ce don est-il accordé aux uns et pas aux autres ? Et d'autre part elle est fruit de l'effort de l'homme. Et c'est pourquoi il nous faut la soigner pour qu'elle soit vraiment la foi en Jésus Christ qui nous aime et qui nous sauve et nous appelle à aimer nos frères et à les sauver.

     Je pense que quels que soient les moyens pris pour ce faire, la foi sera toujours un combat, le combat de Jacob avec l'ange, car elle n'est pas, elle ne peut pas être, évidence. Elle est de l'ordre de la confiance et de l'amour. Et quand Philippe lors de la dernière séance de Bible nous demandait "est-ce que vous tressaillez de joie en pensant au retour du Christ que nous appelons de nos voeux à chaque Eucharistie ?" j'avais envie de lui répondre "oui, parce que j'ai confiance ! "

     Ce que sera le royaume, comment je serai, comment je retrouverai tous ceux que j'ai connus et aimés, je n'en sais rien, mais j'ai confiance en Dieu. Je sais qu'il m'aime et qu'il ne peut pas me décevoir, aussi quand je pense que la fin de mon histoire terrestre approche, c'est vrai que je tressaille de joie. Même si un peu de crainte se mêle à ma joie.

Soeur Marie-Joseph

 
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