Homélie du 29 juin 2008 – 13ème dimanche du T.O. (A)
Saint-Germain l’Auxerrois, Châtenay-Malabry

Quelques notes apéritives sur saint Paul, le jour de l’ouverture de son année jubilaire


 
1) Paul : un homme qui a fait un jour une rencontre décisive avec le Christ, qui a vécu une conversion qui a changé le cours de sa vie :
         Le récit en est fait trois fois dans les Actes des Apôtres (9, 22,26) pour bien montrer l’intervention capitale de Jésus ressuscité qui va lui donner une place d’apôtre, à l’égal des 12 : AA 26 : Jésus lui dit : « Je t’ai destiné à être serviteur et témoin de la vision ».
         Paul venait de loin : AA 22 : « Partisan farouche de Dieu, je persécutai à mort (les premiers chrétiens) » ou Ga 1 : « mon comportement naguère dans le judaïsme : avec quelle frénésie, je persécutais l’Eglise de Dieu et cherchais à la détruire » !!
         Mais cette rencontre initiale, forte et déterminante, ne sera pas un feu de paille mais engage toute la suite de la vie de Saul qui deviendra Paul.
         C’est sa vie toute entière qui est définitivement saisie par le Christ : 2 Co 5 : « L’amour du Christ nous étreint à la pensée qu’un seul est mort pour tous » ou, slogan magnifique et qui peut résumer toute la vie et l’œuvre de l’apôtre des nations : Ph 1 : « Pour moi, vivre, c’est Christ » !
         Toute sa vie va alors devenir une imitation du Christ, ce qui l’amènera à écrire cette phrase qui dans la bouche de tout autre paraîtrait d’une prétention insupportable : 1 Co 11 : « Soyez mes imitateurs comme je le suis moi-même du Christ » !
 
2) Paul : un homme pleinement libre, qui va cesser de rester sous le joug de la loi juive pour se laisser conduire par l’Esprit :
         Rm 8 : « Il n’y a donc maintenant plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. Car la loi de l’Esprit qui donne la vie en Jésus-Christ m’a libéré de la loi du péché et de la mort » et, un peu plus loin, Paul parle de « la glorieuse liberté des enfants de Dieu ».
         Ga 4 : « Tu n’es donc plus esclave mais fils » !
         Ga 5 : « C’est pour que nous soyions vraiment libres que Christ nous a libérés. Tenez donc fermes et ne vous laissez pas remettre sous le joug de l’esclavage ».

3) Paul : un homme énergique, qui a combattu pour le Christ et en a souffert :
         2 Ti 4 (le texte d’aujourd’hui) : « Je me suis bien battu, j’ai tenu jusqu’au bout de la course, je suis resté fidèle », traduit autrement par : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi » !
         2 Co 11, une longue énumération des souffrances que Paul a endurées pour le Christ, entre autres : « Des juifs, j’ai reçu 5 fois les 39 coups, 3 fois j’ai été flagellé, une fois lapidé, 3 fois j’ai fait naufrage » etc.
         Mais de tout cela, il ne s’en vante pas et reconnaît, au cœur même de ces difficultés, la force que lui donne le Seigneur : 2 Co 12 : « Donc, je me complais dans les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les angoisses pour le Christ ! Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » !

4) Malgré tout cela, Paul est aussi l’homme de l’espérance, qui ne se décourage pas :
         Ph 1 : « (…) suivant ma vive attente et mon espérance, mon assurance restant totale, maintenant comme toujours ».
         Espérance aussi devant la mort, dans ce passage souvent choisi, à juste titre pour des funérailles : 1 Th 4 : « Ne pleurons pas comme les autres qui n’ont pas d’espérance ».
         Espérance, enfin, pour la fin des temps (eschatologique) : 1 Co 9 : « Tous les athlètes s’imposent une ascèse rigoureuse ; eux, c’est pour une couronne périssable, nous, pour une couronne impérissable ».
 
5) Paul : un homme d’Eglise, à la fois théologien de l’Eglise et bâtisseur de cette Eglise (il pense et il agit !) :
         1 Co : «  vous êtes le champ que Dieu cultive, la maison qu’il construit »,
         Eph 5 : l’Eglise est l’Epouse du Christ qui en est la Tête
         L’Eglise est aussi vue comme le Corps du Christ, selon cette comparaison qui marquera tant le XX° siècle catholique, en particulier dans l’encyclique de 1943 de Pie XII Mystici corporis : Eph 4 : « Il y a un seul corps et un seul Esprit » ou 1 Co 12 : « Nous avons tous été baptisés en un seul Esprit pour former un seul corps ».
         Et, l’Eglise est un corps formé par l’Eucharistie et rassemblé autour d’elle : 1 Co 10 : « Puisqu’il n’y a qu’un seul pain, à tous nous ne formons qu’un seul corps, car tous nous avons part à ce pain unique ».
 
6) Paul : l’homme de l’amour fraternel au sein de l’Eglise :
         Si Paul est certainement un amoureux de Dieu, il est tout autant le chantre de cet amour pour ses frères et ses sœurs dans la foi ; ici, il suffit de rappeler ce superbe chapitre de 1 Co 13, souvent choisi, à juste titre aussi, pour les célébrations de mariage ; il n’est pas inutile ici d’en redire les premiers versets : « Quand je parlerais en langues, celles des hommes et celles des anges, s’il me manque l’amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante. Quand j’aurais le don de prophétie, la connaissance de tous les mystères et de toute la science, quand j’aurais la foi la plus totale, celle qui transporte les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens aux affamés, quand je livrerais mon corps aux flammes, s’il me manque l’amour, je n’y gagne rien ».
         Et, la fin du même chapitre : « Maintenant donc ces trois-là demeurent, la foi, l’espérance et l’amour, mais l’amour est le plus grand », et, juste après, la première phrase du chapitre 14 : « Recherchez l’amour » !
         Enfin, Col 3 : « Par-dessus tout, revêtez l’amour qui est le lien de la perfection » !
 
7) Paul : l’homme de la communion ecclésiale, une des formes particulières, et peut-être à la fois parmi les plus hautes et les plus difficiles, de l’amour chrétien !
         C’est une harmonie à toujours rechercher dans le corps ecclésial pour que, comme dans le corps humain, chacun puisse y trouver sa place, chacun puisse recevoir des autres et être utile aux autres. On sait à quel point cette comparaison avec le corps humain a été importante pour Paul et combien il l’a développée dans 1 Co 12 : « En effet, le corps est un, et pourtant il a plusieurs membres ; mais tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps, etc. », avec cet aspect si touchant et bien nécessaire, encore aujourd’hui, dans une communauté chrétienne, de la sympathie mutuelle, c’est-à-dire, selon l’étymologie même, du souffrir-avec : « Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance »…
         Pourtant, concrètement, cette communion ne fut pas toujours facile pour Paul lui-même, y compris et peut-être surtout avec un autre apôtre, je veux dire le premier d’entre eux, Pierre ; en parlant de lui, il dira tout simplement, avec une expression forte : Ga 2 : « Je me suis opposé à lui ouvertement », dans une autre traduction : « Je lui ai résisté en face » !
         Et, pourtant (et peut-être à cause de cela, qui sait ?), c’est ensemble que l’Eglise a choisi de les fêter, en ce 29 juin, fête de Saint-Pierre et Saint-Paul, fête en particulier pour notre église diocésaine car notre nouvel évêque auxiliaire va être ordonné en ce jour. Oui, comme le dit la préface de la messe d’aujourd’hui : « l’un et l’autre ont travaillé, chacun selon sa grâce, à rassembler l’unique famille du Christ », AMEN !
 
Père David Roure
Curé