Je ne peux rester sans répondre aux témoignages de mes amis catholiques
qui ne sont manifestés ces derniers jours pour dire à la foi leur
tristesse ou leur colère et leur désir de continuer la route ensemble.
Moi aussi, je suis surprise du ton radical employé dans les messages
émanant du Vatican (cf. celui du début de l'été chapitrant sévèrement
les divorcés remarié et les prêtres qui se préoccupent de leur présence
dans l'Eglise). Pourtant ce qui est dit n'est pas nouveau!
Mais je ne peux accepter , pas plus que vous , que le protestantisme
soit relégué au rang d'une simple croyance. L'Eglise du Christ est
universelle et invisible. C'est Christ - et lui seul - qui me donne
mon identité de chrétienne.
Devant un tel coup de frein dans les relations inter religieuses,
je me dis que je crois plus à un œcuménisme au quotidien avec mes
frères catholiques et orthodoxes, voisins et amis, qu'à un œcuménisme
institutionnel, qui reste plus préoccupé de rappeler des dogmes que
de dialoguer.
Finalement ce message du cardinal Ratzinger n'affaiblira pas mon désir
de dialogue et de partage. Au contraire!
Car l'Evangile me pousse, jour après jour, au dialogue. Oui, "le pluralisme
est un défi majeur pour notre temps. Chacun porte en soi une vérité
qu'il cherche à faire partager...Notre foi en un Dieu qui est entré
dans l'humanité nous pousse à y créer les conditions de la rencontre
et de la fraternité universelle, non pas au delà de nos différences
mais avec elles. Jésus me donne de reconnaître dans l'autre l'appel
à sortir de mes limites et de mon arrogance dominatrice pour découvrir
en lui ce qui me manque pour être plus pleinement, authentiquement,
généreusement humain"(1).
La vie de Dieu - Par la puissance de l'Esprit saint - sera plus forte
que toutes les peurs car "Dieu est au bout de tous les chemins de
l'homme" (2).
Isabelle
Pierron
1 - Pierre Claverie, Evêque d'Oran, assassiné en 1996.
2 - Dalil Boubakeur, recteur de la grande mosquée de Paris